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Urbanisme à Bordeaux : préserver, transformer, habiter.

Bordeaux est une ville qui se raconte à travers ses pierres. Capitale du vin, bien sûr, mais aussi véritable musée à ciel ouvert, la ville a vu son centre historique — soit plus de 1 800 hectares — inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2007, sous le nom de Port de la Lune. Avec plus de 350 monuments classés ou inscrits, Bordeaux est la première ville de France après Paris en termes de patrimoine protégé. Parmi les emblèmes : Ce patrimoine exceptionnel impose un cadre strict à l’évolution urbaine, et nourrit une identité forte que les Bordelais revendiquent avec fierté. Mais comment faire coexister cette mémoire de pierre avec les mutations d’une métropole en pleine expansion ? Une attractivité qui transforme Depuis une quinzaine d’années, Bordeaux attire. Mieux connectée à Paris grâce à la LGV (2h depuis 2017), elle séduit aussi par sa qualité de vie, ses écoles, son bassin d’emploi en mutation et sa proximité avec l’océan. Résultat : la métropole dépasse aujourd’hui les 800 000 habitants, et les projections tablent sur une croissance continue. Cette attractivité a un coût : logements en tension, embouteillages chroniques, pression foncière, transformation de certains quartiers. La ville doit aujourd’hui répondre à plusieurs enjeux structurants : Des projets urbains à grande échelle Pour faire face à ces défis, la ville et la métropole ont engagé plusieurs grands chantiers, à commencer par : Tous ont un objectif commun : penser la ville de demain sans effacer celle d’hier. Mais les équilibres sont fragiles, et les tensions bien réelles. À suivre… Dans les prochains épisodes de cette série, nous irons à la rencontre de celles et ceux qui font Bordeaux au quotidien : urbanistes, architectes, élus, habitants. À travers leurs témoignages, nous explorerons les contradictions, arbitrages et espoirs qui façonnent une ville prise entre deux élans : préserver, et avancer.

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UNESCO : un label prestigieux, des règles strictes

Un classement reconnu mais très stricte Depuis 2007, le centre historique de Bordeaux est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO sous le nom “Bordeaux, Port de la Lune.” Il est question de plus de 1800 hectares lesquelles mettent en avant l’ensemble architectural et urbain de la ville. Ce classement ne permet pas seulement de reconnaître la beauté et l’histoire d’une ville et d’attirer des touristes. Il est encadré aussi de règles, mais concrètement, qu’est-ce que ça change pour la ville et ses habitants ?  Un patrimoine qui ne peut pas évoluer librement  Être inscrit au patrimoine de l’UNESCO, c’est répondre à certaines conditions. À Bordeaux, cela touche autant les grands projets d’aménagement que les petits travaux du quotidien. Cela implique donc  : Mais pourquoi autant de règles ?  Protéger le patrimoine, ce n’est seulement garder des vieilles pierres. L’UNESCO, c’est l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Elle repère des lieux qui détiennent une valeur universelle et exige une préservation sur le long terme. À Bordeaux, c’est aussi préserver une histoire urbaine riche, visible dans les rues, les façades, les places… C’est ce qui donne à une ville son identité, qui attire des millions de visiteurs chaque année mais c’est surtout un lieu de vie : des gens y habitent, y travaillent, s’y baladent…   Carte 1 indiquant les limites de la zone proposée pour inscription et celle de la zone tampon pour le projet “Bordeaux, Porte de la Lune”. Sources :

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Quand le passé guide l’avenir : transformation verte des quais

Classés à l’UNESCO depuis 2007, les quais de Bordeaux incarnent un projet de ville durable en pleine action. Promenades, pistes cyclables, tramway, espaces verts… Tout semble concourir à une transformation exemplaire. Mais une question demeure : peut-on verdir une ville sans abîmer sa mémoire ?  Une tension permanente entre développement et conservation Avec leurs façades du XVIIIe siècle, les berges de la Garonne font figure d’icône urbaine. Pourtant, depuis les années 2010, elles connaissent de profonds bouleversements. Les anciens entrepôts cèdent la place aux promenades arborées, les parkings disparaissent au profit des pistes cyclables, et le tramway s’intègre discrètement au paysage. Autrefois dédiés aux activités portuaires et ferroviaires, les quais redeviennent un espace de vie au cœur de la ville. Cette métamorphose s’accompagne d’un souci de respect patrimonial. Les matériaux historiques — notamment la pierre blonde bordelaise — sont conservés, tout comme les volumes et les tracés d’origine. La ville transforme, mais n’efface pas. Une métropole en mouvement Bordeaux s’impose aujourd’hui comme une métropole attractive, qui anticipe près d’un million d’habitants d’ici 2030. Cette dynamique démographique pousse à repenser les infrastructures, notamment en matière de logement et de mobilité. Les quais, véritables artères urbaines, deviennent un levier stratégique. Le quai Simone-Veil, inauguré en 2024, en est l’exemple : il allie circulation douce et respect des codes architecturaux historiques. Un patrimoine vivant, pas figé Plutôt que de transformer les quais en musée à ciel ouvert, la ville choisit de les maintenir comme espaces publics vivants. Habités, traversés, investis au quotidien, ils restent des lieux de passage et de rencontres. Cette approche évite la muséification tout en valorisant leur mémoire. L’enjeu n’est pas de sanctuariser, mais d’adapter sans trahir. Innovation écologique et contraintes patrimoniales La mutation des quais ne se limite pas à une modernisation esthétique. Elle s’inscrit dans une logique d’écologie urbaine, souvent freinée par les contraintes du classement UNESCO. Matériaux, hauteurs, usages : tout est encadré. Et pourtant, les innovations s’imposent progressivement : désimperméabilisation des sols, espaces verts filtrants pour gérer les eaux de pluie, refuges de biodiversité, plantations favorisant la fraîcheur urbaine… Le quai Deschamps illustre cette transition : ancien espace industriel, il entame une reconversion végétale, pensée pour le quotidien des Bordelais. Même constat pour le quai de Paludate, autrefois dominé par le trafic routier, qui devient un axe apaisé, résilient face aux canicules, tout en conservant ses fonctions économiques avec restaurants et commerces. Un équilibre à construire Bordeaux reste confrontée à une question cruciale : comment concilier densification urbaine et respect du patrimoine ? Avec une croissance annuelle de 1 % entre 2011 et 2016, le risque est double : tomber dans la verticalité excessive ou dans une uniformisation sans âme. Les quais témoignent de cette tension féconde entre héritage et innovation. Ils ne sont ni figés dans une carte postale, ni abandonnés aux seules logiques de rendement. Leur transformation démontre qu’un projet de ville durable peut s’épanouir dans l’ombre bienveillante du patrimoine — à condition de rester attentif, d’impliquer les habitants, et de penser le futur sans effacer le passé. Verdir une ville, ce n’est pas seulement planter des arbres. C’est cultiver une mémoire, un lien sensible entre les habitants et leur territoire.

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Le coeur historique de la ville : un ancrage symbolique pour les bordelais

Il n’a pas pu vous échapper : le centre ancien de Bordeaux se métamorphose ! Lieu emblématique de la métropole, connu pour son architecture romaine Place Saint-Pierre, l’entrée majestueuse de La Porte Cailhau, ou encore le quartier en vogue de Saint-Paul, cet espace connaît depuis 2023 de nombreuses transformations. En effet, le centre historique de Bordeaux représente une position stratégique au cœur de l’agglomération. Placé sous la protection de l’UNESCO, son patrimoine riche et unique accueille chaque année près d’1,8 million de visiteurs (source : site de l’office de tourisme de Bordeaux), positionnant la ville à la sixième position des métropoles les plus visitées à l’échelle mondiale, sur 104 destinations auditées.  Un centre historique transformé Depuis 2023, la ville de Bordeaux travaille autour d’un projet commun : l’aménagement de son centre ancien. Engagée depuis 2010 dans le programme [Re]centres, qui a pour mission de piloter la politique urbaine de la ville, l’objectif est d’améliorer la qualité de vie au cœur de la ville, tout en préservant son patrimoine et en s’adaptant au changement climatique. Mais concrètement, qui est concerné ? En réalité, plusieurs acteurs participent au projet : habitants, associations, usagers, acteurs locaux sont invités à s’investir lors de temps de concertation afin de mûrir la réflexion sur les grandes orientations du projet.  Bilan et perspectives : un projet ambitieux et partagé Le programme [Re]centres s’inscrit dans une dynamique longue et évolutive. Voici quelques dates clés qui illustrent cette trajectoire : Forum de lancement de la concertation sur le Centre ancien, octobre 2023. Source : Charlotte Barbier – Bordeaux Métropole Rue Kléber, juillet 2023. Source : Bordeaux Métropole

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Quand une église devient bureau : renaissance d’un lieu sacré

C’est lors d’un micro-trottoir dans le quartier des Chartrons que nous avons rencontré une agente de l’Office de tourisme de Bordeaux, en repérage de gargouilles pour une visite avec des enfants prévue le lendemain. La discussion, centrée sur la conservation des monuments bordelais, a rapidement glissé vers la question de la réutilisation des lieux abandonnés. Elle nous a alors parlé d’un site étonnant, niché entre le Jardin Public et les Chartrons : une ancienne église du XIXe siècle, en pleine transformation… en espace de travail. Derrière les murs sobres et imposants de l’église Saint-Joseph-des-Carmes, une nouvelle vie prend forme. Défigurée par une première reconversion en maison de retraite dans les années 1980, l’église avait perdu une grande partie de son âme : plafonds abaissés, vitraux murés, volumes éclatés. Aujourd’hui, portée par l’agence d’architecture ZW/A pour le compte du groupe BOPE, une réhabilitation ambitieuse et respectueuse de l’histoire est en cours. Plutôt que de tout effacer ou de tout reconstituer, les architectes ont fait un choix audacieux : réparer, révéler, réinventer. Les baies sont rouvertes, les hauteurs restituées, les cicatrices assumées. L’objectif ? Conserver l’esprit du lieu tout en lui insufflant une nouvelle dynamique, en phase avec les usages contemporains de la ville. Spécialiste des espaces de travail hybrides à Paris et Nantes, BOPE souhaite offrir à Bordeaux un lieu de coworking haut de gamme, ancré dans le patrimoine. L’église accueillera bientôt des bureaux privatifs, des salles de réunion, des espaces partagés, des phone boxes… et même un café au rez-de-chaussée. Mais ce qui marquera surtout les esprits, c’est l’atmosphère singulière du lieu : une salle de conférence nichée sous les voûtes, baignée de lumière naturelle, avec vue sur une rosace restaurée. Un espace où l’architecture inspire, où l’histoire ne se cache pas, mais s’invite dans le quotidien professionnel. Ce projet soulève une question essentielle : comment redonner vie à des bâtiments chargés de mémoire sans les trahir ? À Bordeaux, cette église transformée semble bien tracer un chemin. Crédits photos ZWA

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Urbanisme, territoires et équilibre à Bordeaux : 

Entretien avec Sébastien Boime À l’heure où les métropoles françaises tentent de concilier urgence climatique, pression foncière et préservation du cadre de vie, les urbanistes se trouvent en première ligne. Sébastien Boime, directeur de l’agence ID de Ville installée à Bordeaux depuis près de vingt ans, partage dans cet entretien son expérience du terrain et sa vision des enjeux urbains actuels. Sébastien Boime, directeur de l’agence ID de Ville Pouvez-vous présenter votre agence et ses missions ? Installée à Bordeaux depuis 2006, l’agence dirigée par Sébastien Boime réunit six urbanistes, dont deux architectes urbanistes et une juriste urbaniste. Leur travail se répartit en deux grands volets : la conception de documents réglementaires de planification, comme les plans locaux d’urbanisme, et des études plus opérationnelles liées à l’aménagement : création de logements, requalification d’espaces publics ou réaménagement de sites naturels sensibles. L’agence concentre ses interventions sur le Grand Sud-Ouest, dans un rayon de deux à trois heures autour de Bordeaux, pour rester au plus près des territoires et répondre efficacement aux appels d’offres publics qui structurent son activité. Quels enjeux guident votre métier aujourd’hui ? Travailler pour les collectivités implique une dimension éthique forte. L’urbanisme se conçoit avant tout comme un service d’intérêt général : garantir la sincérité des procédures, instaurer un dialogue entre élus, habitants et techniciens, et défendre une vision collective du territoire. Au-delà de cette base, le métier évolue au rythme des priorités sociétales et réglementaires. Après les années 2000 marquées par l’essor du développement durable, de nouveaux impératifs émergent : renaturation, désimperméabilisation, adaptation aux risques climatiques. Ces enjeux sont particulièrement vifs sur le littoral du Sud-Ouest, exposé à l’érosion et aux incendies, comme ceux de 2022 en Gironde. Dans ce contexte, l’urbaniste joue aussi un rôle de pédagogue pour accompagner collectivités et habitants. Autre dimension essentielle : la place du vivre-ensemble. Concevoir la ville, c’est organiser les espaces pour favoriser les rencontres, la mixité et la cohésion sociale au quotidien. Sur quels types de territoires intervenez-vous ? L’agence travaille sur des territoires variés : zones rurales, secteurs métropolitains et communes littorales, chacun exigeant des approches spécifiques. Dans les zones littorales, par exemple, les pressions foncières et environnementales nécessitent des documents d’urbanisme solides et précis. Le cœur de l’activité reste concentré sur les secteurs métropolitains et les espaces mixtes : quartiers résidentiels, zones économiques, espaces agricoles ou naturels. L’agence pilote aussi des projets d’aménagement innovants, comme les opérations Bimby (« Build in My Backyard »), qui optimisent les ressources foncières existantes en collaboration avec les habitants. Qu’en est-il de vos projets avec Bordeaux Métropole ? L’agence n’est pas directement engagée sur les grands projets urbains emblématiques de Bordeaux, souvent confiés à de grandes signatures architecturales. Elle a néanmoins contribué à l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUI), notamment sur la question sensible des droits à bâtir. Alors que la métropole fait face à une forte pénurie de logements, le cadre réglementaire actuel bloque certaines opérations et freine le renouvellement urbain, notamment dans les quartiers pavillonnaires. Face à ces verrous, des études et des échanges ont été menés pour inciter à faire évoluer les règles. Par ailleurs, la ville poursuit depuis 2020 une politique visible de végétalisation et de désimperméabilisation sous l’impulsion de la nouvelle majorité écologiste, signe qu’aujourd’hui, l’aménagement urbain se conjugue plus que jamais avec des enjeux de transition environnementale et de communication. Aujourd’hui, dans votre métier, comment se traduit la notion de “ville durable” ? Est-ce pour vous un enjeu majeur ? La question du développement durable est aujourd’hui intégrée dans le code de l’urbanisme et dans nos pratiques. Mais tout est une question d’interprétation : c’est là qu’on peut glisser vers le greenwashing, où l’action est simplement « verdie ». Tout est dans la nuance et dans le détail. Il y a des sujets devenus incontournables, comme la biodiversité, la gestion des zones humides ou la qualité des milieux naturels, très encadrés aujourd’hui. Mais au-delà, le cœur du sujet reste la mobilité. C’est là qu’on peut vraiment agir sur le changement climatique : en réorganisant les fonctions du territoire et la place de la voiture, notamment dans les espaces ruraux où elle reste indispensable. L’urbanisme, c’est un travail d’adaptation. On hérite souvent de structures conçues dans les années 50 pour la voiture. Il faut trouver des façons de les améliorer par petites étapes, sans brutalité, mais avec ambition. Et même si on peut être très vertueux localement, l’objectif, c’est l’impact global. Est-ce que la préservation de l’héritage est difficile à concilier avec le développement urbain ? L’héritage, ça peut être du patrimoine architectural, urbain ou paysager. On est dans un pays où ces formes sont anciennes, protégées. La vraie question, c’est toujours d’arbitrer entre protection et capacité d’évolution. La ville a toujours su se reconstruire sur elle-même. Il y a des éléments qu’on sanctuarise, d’autres qu’on peut faire évoluer avec prudence, sans les dénaturer. Et puis il y a tous ces tissus banals, sans grande valeur historique, mais avec une forte valeur affective ou sociale. Même là, on ne peut pas faire table rase : chaque parcelle a une histoire, un propriétaire, une mémoire. Il faut donc agir avec précaution. On doit construire du logement, des équipements, tout en limitant l’artificialisation des sols. L’enjeu est de trouver des gisements fonciers dans la ville elle-même, sans nier ce qu’elle est déjà. Si vous deviez imaginer la métropole bordelaise dans 20 ans, vous la verriez comment ? Ce serait une agglomération qui a réussi à créer du lien avec sa périphérie. Aujourd’hui, 80 % des déplacements se font de périphérie à périphérie. Il faudrait un projet fort, comme un train circulaire sur la rocade, à l’image de Berlin, pour mieux connecter ces territoires. Il faudrait aussi que Bordeaux conserve ses qualités : une ville basse, un tissu d’échoppes, et surtout la présence des familles, qui aujourd’hui peinent à se loger. Il y a des verrous réglementaires qui bloquent le renouvellement urbain. Il faut les lever. Et puis, il nous faut de vraies infrastructures cyclables, du niveau de Copenhague. La cyclabilité s’améliore, mais on est encore loin.

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